Eau : nouvel arrêté étiage

La révision de l’arrêté étiage (qui encadre les prélèvements dans les cours d’eau et nappes) a fait l’objet de nombreux débats au comité de l’eau mardi, en préfecture. L’objectif de cette révision d’arrêté est, pour l’administration, d’améliorer la protection des milieux aquatiques et d’aller vers une harmonisation régionale. Cet objectif s’est traduit, depuis plusieurs mois, par des propositions d’arrêté ajoutant de nouvelles contraintes en particulier pour l’irrigation. « Au travers de cette proposition, nous avons le sentiment que les efforts de l’agriculture ne sont pas reconnus. » ont rappelé François Beaupère (Chambre d’Agriculture) et Jean-Marc Lézé (FDSEA). Ils ont voulu porter une vision plus globale de la gestion de l’eau, qui ne se limite pas à la gestion des situations de crises. « Pour aller plus loin dans la réduction des prélèvements en été dans les milieux, une solution serait de développer le stockage d’eau en hiver. Mais là aussi, le carcan réglementaire laisse très peu de possibilités aux irrigants. On ne peut pas demander aux producteurs en même temps de nourrir la population, de maintenir une activité économique et les emplois qui en dépendent, de prélever moins d’eau en été, mais aussi en hiver, et de s’adapter à un changement climatique déjà sensible. »



De nouveaux seuils de printemps

Première modification importante de l’arrêté : l’ajout de seuils d’alerte de printemps, sur la période avril mai. Ces seuils, plus exigeants que les seuils d’été, pourraient se traduire par un déclenchement plus rapide des restrictions de prélèvement dans les cours d’eau en cas de printemps sec.



Des horaires de restriction prolongés ?

L’administration souhaite réduire les plages de prélèvements possibles pour l’irrigation des grandes cultures (et autres cultures de plein champ arrosées par aspersion) lorsque le seuil d’alerte est franchi. Aujourd’hui, les prélèvements sont interdits de 10h à 20h en période d’alerte. La DDT est attachée à ajouter une nuit supplémentaire d’interdiction par semaine (du dimanche au lundi), ou bien de prolonger l’interdiction de 8h à 20h chaque jour. La profession s’est fermement opposée à cette modification, pour laquelle aucune justification technique précise n’a été avancée. L’arbitrage sur ce point n’est pas encore officiel. Cette question est particulièrement critique pour le maraîchage de plein champ, car les cultures ne peuvent pas supporter 36h successives sans eau en pleine chaleur.



Techniques économes : les arguments techniques ont été entendus

En revanche, les « techniques économes » c’est-à-dire goutte-à-goutte et micro-aspersion vont continuer à bénéficier d’une dérogation. L’administration souhaitait leur imposer des restrictions horaires à partir du seuil d’alerte renforcée. Mais grâce à la mobilisation de la FDSEA et du SPDF, qui ont présenté des données techniques sur le terrain au préfet, l’administration a confirmé mardi que cette nouvelle contrainte sera abandonnée. Les « cultures sensibles » c’est-à-dire cultures sous serre, plantes en containers, jeunes plants, bassinage des semis, rosiers et tabac, conservent également leur situation dérogatoire, au moins provisoirement.

Les derniers arbitrages devraient être connus la semaine prochaine. S’en suivra une période de 3 semaines de consultation du public avant la publication de l’arrêté.