Cœur de gamme : un avenir pour les éleveurs

Depuis plusieurs mois maintenant, la FNB a décidé de réorganiser l'offre en viande bovine, avec pour objectif de gagner en valeur en valorisant les viandes issues du troupeau allaitant. Cinq enseignes ont signé à ce jour l'engagement « cœur de gamme » avec la FNB (Système U, Carrefour, E.Leclerc, Intermarché et Lidl France), et ont par conséquent accepté ces nouvelles relations commerciales avec les éleveurs. 

« Les GMS ont accepté le cœur de gamme parce qu'elles sont conscientes des nouvelles attentes des consommateurs. Aujourd'hui, l'acte d'achat n'est plus guidé que par le prix, les consommateurs prennent en compte d'autres facteurs comme les vertus sociales, environnementales des produits qu'ils consomment », a précisé le Président de la FNB. « Leur engagement n'est pas anodin, de nouvelles stratégies sont mises en place par les distributeurs. »

Avec les distributeurs, la FNB a donc décidé de segmenter le marché de la viande. « Le cœur de gamme doit représenter au moins 50% du volume vendu dans les grandes surfaces. On ne crée pas de nouveau marché, par contre la segmentation de la qualité des viandes, avec des critères très précis (âge, poids, état d'engraissement, maturation…) permet de valoriser la qualité du produit. », explique Mickaël Trichet, président de la section viande bovine de la FRSEA des Pays de la Loire. 

Pour Mickaël Trichet, la « signature n'est qu'une première étape, la mise en œuvre demande beaucoup de travail. »

Système U, engagé depuis le 1er juin, continue de passer chaque semaine des animaux en cœur de gamme. Depuis début octobre, Carrefour commercialise ses premiers animaux. « Le système est centralisé chez Carrefour, contrairement à Système U, où chaque magasin est indépendant et fait donc le choix de ses approvisionnements. L'effet sera donc immédiat avec Carrefour, qui devrait passer environ 2 000 animaux par semaine en cœur de gamme. », explique le responsable viande. Selon la FNB, Carrefour a la volonté d'avancer et croit en la démarche. Des réunions hebdomadaires sont organisées entre les éleveurs et l'enseigne. 

Par contre, les plans d'action avec Leclerc et Intermarché ne sont pas encore calés. Ces derniers possèdent leur propre outil d'abattage, ce qui donne lieu à quelques résistances. Des rencontres sont programmées dans les prochains jours. Reste aussi pour les professionnels de la FNB à convaincre les dernières enseignes, à savoir : Casino, Auchan et Cora.

Aujourd'hui, 5% des carcasses sont agréés « cœur de gamme », demain, avec la signature de toutes les enseignes, 60% des carcasses devraient être agréées, soit 8 000 animaux sur les 12 000 abattus chaque semaine.

Pour les responsables professionnels, le gage de la descente de valeur à l'éleveur passera par le retour de l'information des animaux passés « cœur de gamme ». A la demande de la profession, Carrefour et Système U donnent mandat aux éleveurs, via la FNB, pour contrôler ce retour d'information aux éleveurs concernés. 

Concernant le retour de valeur, une grille d'indices a été construite à partir des coûts de production. Elle évoluera régulièrement en fonction de l'indice IPAMPA. 

La création de l'association « cœur de gamme » est la prochaine étape. Elle va être fondée entre la FNB et les enseignes signataires. Pour Jean-Pierre Fleury, « le cœur de gamme a été obtenu par le syndicalisme. Nous devons garder la main ! ». Un identifiant va également être créé, et il sera la propriété des éleveurs.

« Les premières descentes de valeur nous montrent que cela est possible. Nous devons y croire ! », ont conclus les représentants des sections bovines départementales à la fin de ce conseil fédéral.