Régis Lebrun, Président de la section viande bovine de la Fdsea fait le point sur les sujets d'actualité.
Vous sortez d'une section viande bovine départementale et régionale ; quelle est l'ambiance chez les éleveurs de viande ?
Régis Lebrun : elle est mauvaise ! D'autant plus qu'en 2013, nous avons touché du doigt ce que pouvait être une conjoncture normale, avec des prix corrects et des marchés fluides ! Malheureusement cela n'a pas duré… Aujourd'hui, nous constatons des prix qui dégringolent de semaine en semaine, des coûts de production qui se sont légèrement tassés mais restent élevés. Notre seule satisfaction, cette année, est d'avoir eu dans l'Ouest des fourrages de qualité et abondants : nous aurons de quoi donner à manger à nos animaux cet hiver, ce qui est essentiel pour un éleveur.
Quelles sont les pistes pour sortir de ce marasme ?
RL : il faut d'abord retrouver de la fluidité dans les marchés ; l'embargo sur la Russie a perturbé les marchés de façon générale et les flux vers les pays du bassin méditerranéen sont faibles. Pourtant, les besoins alimentaires en viande sont de plus en plus importants dans le monde ! Il faut ensuite qu'on retrouve un patriotisme économique en France. Nous menons des actions syndicales depuis le début de l'été partout dans la région pour aller vérifier la provenance des barquettes de viande en Grande surface. Que voit-on ? De la viande issue d'animaux des Pays Bas, d'Irlande, de Pologne et d'ailleurs ! Est-ce normal, alors que notre région est le bassin de production le plus important de France et d'Europe, et que nous souffrons de distorsion de concurrence de ces autres pays européens ? Est-ce normal de constater que parfois, ce sont nos propres entreprises régionales qui transforment de la viande étrangère ? Non. Nous trouvons ces comportements « inqualifiables » et nous le faisons savoir par des photos publiés sur le site Agri49 et par les réseaux sociaux. Enfin, nous estimons que tous les élus qui ont la responsabilité d'une ou plusieurs cantines doivent faire en sorte que les produits consommés dans les cantines soient des produits de proximité, a minima français. Ce n'est pas le cas : 70% de la viande de bœuf consommée dans les cantines sont de la viande d'importation ; également inqualifiable ! Toutes ces raisons expliquent que nous nous mobilisons avec la FDSEA et les JA en perspective des manifestations du 5 novembre prochain.
La filière organise l'opération « made in viande » en octobre ; de quoi s'agit-il ?
RL : de nombreux éleveurs sont proches de la retraite, des bouchers également et l'agroalimentaire cherche des bras. L'agriculture en général, et la filière viande en particulier propose du travail à des milliers de personnes mais cela ne se sait pas assez. Made in Viande est une opération nationale organisée par Interbev, et relayée régionalement. Pendant une semaine en octobre, 120 points de visite répartis sur toute la région sont proposés au grand public, aux élus locaux, aux décideurs pour montrer la réalité de la filière et les possibilités d'emploi. Un des temps forts de cette opération se déroulera à Angers, le samedi 25 octobre, en plein centre ville d'Angers, pour l'inauguration nationale de l'action.
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