Viande bovine : la guerre du steack haché nous plombe

Mickaël Trichet, Président de la section viande bovine de la Frsea fait le point sur la situation actuelle.

Après ce printemps et cet été un peu fou en matière syndicale, pouvez vous nous dire où on en est aujourd'hui ?
Mickaël Trichet : pour être très franc, on a un peu « la gueule de bois » ! Suite à un mouvement syndical très fort, et en particulier en Pays de la Loire, nous avions obtenu le principe d'une revalorisation du prix de la viande bovine, dans le Bureau du Ministre, le 17 juin. Nous y avons cru. Il y a eu un léger frémissement juste après l'accord mais qui n'a pas duré. Depuis le mois d'août, les cours sont repartis à la baisse. J'estime que nous avons été bernés. Le plus agaçant pour moi est que les fondamentaux de la filière sont bons ; c'est la guerre du steak haché qui nous plombe. Le problème majeur aujourd'hui concerne les animaux femelles de race allaitante et qui sont positionnés en « cœur de gamme » ; ces animaux de qualité devraient être valorisés mieux qu'ils le sont.

Quelles pistes préconisez-vous pour sortir de cette crise ?
MT : J'interpelle les entreprises d'abattage et transformation d'abord. C'est le maillon aval qui pose problème aujourd'hui. Même les enseignes de distribution ont joué le jeu des augmentations cet été ! Mais il n'y a pas eu de répercussion de cette augmentation de prix aux éleveurs. Le fait que les entreprises d'abattage et de transformation soient fortes ne me pose aucun problème, ce que je demande simplement c'est que la richesse soit répartie aussi avec les producteurs ! Alors nous allons aller voir les entreprises pour leur demander des comptes et nous verrons bien si elles sont prêtes à construire avec nous les producteurs. Evidemment, celles qui s'enferment dans une logique destructrice doivent s'attendre à des réactions syndicales. L'export est en train de s'organiser avec la cellule export nationale à laquelle tous les grands opérateurs ont adhéré. Le message du « manger français » est en train de bien passer au niveau des collectivités territoriales. Les distributeurs sont d'accord pour encadrer les promotions… Toutes ces pistes sont positives et nous donnent de l'espoir.

Suite aux actions de l'été et du 3 septembre, il y a eu des aides pour les éleveurs ; est-ce positif ?
MT : il y a ce qu'on veut et ce qu'on a ! Ce que nous voulons, ce sont des prix, en particulier pour les animaux de race allaitante. Mais nous avons obtenu des aides ; je ne crache pas dans la soupe : ces aides seront utiles pour que certains, les plus fragiles d'entre nous, passions ce mauvais cap. Les montants que nous avons obtenus sont quand même importants et vont se traduire en argent sonnant et trébuchant pour les éleveurs de viande bovine, en particulier. Que ce soit sous forme d'exonération de charges sociales, de réduction de cotisation sociale, de fonds d'allégement des charges, de restructuration de la dette de l'éleveur, d'exonération de la Taxe sur le foncier non bâti, …, toutes ces aides sont importantes et il faut aller les demander. J'incite tous les producteurs ayant des difficultés de trésorerie de se rapprocher de sa FDSEA et de la cellule de crise qui existe dans chaque département de la région.