Prix du lait : Les conditions sont réunies pour un prix du lait en progression

Depuis le début d´année, certaines entreprises ont appliqué des reports de trésorerie sur le second semestre. D´autres ont fait le choix de réviser leur saisonnalité. Ces décisions ont fait que les producteurs n´ont pas encore bénéficié à plein des effets du marché, même si les prix ont progressé par rapport à 2013. Par ailleurs, la plupart des entreprises ont revu leurs données de base entrant dans le mode de détermination du prix du lait, profitant du retard de publication des indicateurs.

« On observe aujourd´hui que les entreprises se déconnectent franchement ou insidieusement des indicateurs. Il est peut être nécessaire de revoir les éléments de détermination du prix pour les rendre plus simples et plus lisibles. Mais, en aucun cas, on ne change les règles du jeu pendant la partie. Les entreprises doivent revenir à l´application des indicateurs pour apporter de la transparence à leurs producteurs. Par exemple, pour le mois de juin, si on appliquait strictement les indicateurs, le prix devrait se situer bien au-delà des 380 euros/1000 litres. De plus, le prix d´acompte pratiqué par certaines coopératives n´est pas une solution. Il tire tout le monde vers le bas tout au long de l´année, et permet à ces entreprises de s´afficher en haut de tableau en fin d´année lorsqu´ils incluent le paiement complémentaire » a déclaré Alain Cholet, Président de la Fédération Départementale Laitière, lors du conseil FDL qui s´est réuni mardi.

Des cours de produits industriels qui restent élevés

Même si les cours des produits industriels (beurre et poudres) ont baissé depuis le début d´année (sous l´effet de la hausse de la collecte), ils restent à des niveaux élevés. Par ailleurs, la faiblesse des stocks, la baisse saisonnière de la collecte et le fort dynamisme des exportations de fromage et de poudre sont autant de facteurs qui montrent que le marché mondial se porte bien.

Des prix de vente industriels et prix de vente consommation en hausse qui confortent le marché intérieur des produits de grande consommation

La FNPL et son réseau se battent depuis plus d´un an pour un meilleur fonctionnement du marché intérieur afin d´en préserver une bonne valorisation. En 2013, les tables rondes laitières et la médiation ont contribué à une hausse significative des prix de vente industriels (prix sortie usine) sur l´ensemble des produits laitiers. En 2014, la FNPL s´est invitée dans les box de négociations des leaders de la distribution Carrefour et Leclerc. Cette pression se poursuit depuis, et concrètement, se traduit dans les prix de vente industriels de mars qui viennent d´être publiés. Ainsi, les prix pour le beurre conditionné, les fromages et le lait liquide sont repartis à la hausse.
Par ailleurs, ces hausses sont confortées par des hausses des prix de vente à la consommation, conséquence des hausses de tarifs négociées avec la grande distribution et appliquées au 1er Mars 2014.

Une compétitivité France Allemagne toujours favorable

Le prix moyen français sur 12 mois glissant n´a toujours pas rattrapé la moyenne allemande et les perspectives de prix en Allemagne, même si corrélées aux produits industriels, restent à un niveau élevé pour l´année 2014. Le prix du lait français doit donc continuer de progresser pour combler le retard pris sur l´environnement européen. « Nous sommes très étonnés de la très forte volonté des entreprises à faire fonctionner ce comparatif avec l´Allemagne pour faire baisser le prix français, et de leur amnésie chronique lorsqu´il tire le prix français vers le haut » s´agace Alain Cholet.

Depuis le début de l´année et encore aujourd´hui, les conditions sont donc réunies pour que la répartition de la valeur ajoutée, générée notamment grâce à l´action de la FNPL et des sections départementales laitières, se répercute concrètement jusqu´aux producteurs qui doivent profiter de la bonne tenue des marchés. Le conseil FDL, réuni ce mardi 18 juin, appelle l´ensemble des producteurs à demander des comptes à leur entreprise. Pour l´ensemble des responsables laitiers de la FDSEA « Les informations diffusées par les entreprises sur les volumes disponibles et les projets d´investissement annoncés pour l´après quota ne doivent en aucun cas être un écran de fumée pour mettre de côté le prix payé au producteur ».