Il existe plus de 1000 espèces d´insectes pollinisateurs en France. Ils sont indispensables à la production de 84 % des espèces cultivées en Europe (d´après l´INRA). Le Programme des Nations Unies pour l´Environnement estime leur contribution à la production de végétaux destinés directement à la consommation humaine à 153 milliard d´euros, ce qui correspond à 9,5% de la valeur totale de la production mondiale d´aliments. Exemple : la production des semences d´oignon dépend à environ 70% des abeilles. A l´effet rendement s´ajoute une amélioration de la qualité germinative des semences. Pour les melons, l´INRA a mis en évidence un effet sur les quantités produites, la taille, la forme et le goût des fruits. De nombreuses autres cultures sont concernées : arbres fruitiers, courges, tomates, oléagineux, protéagineux, petits fruits, cultures porte-graines et potagères.
Or on constate depuis plusieurs années une baisse des populations de pollinisateurs. Plusieurs facteurs peuvent être en cause : l´élimination de leurs sites de nidification, la raréfaction des plantes mellifères, les virus et parasites, mais également une mauvaise utilisation de produits phytosanitaires. Comment les préserver au niveau des exploitations agricoles ?
Connaître les risques pour mieux prévenir
Pour les besoins de la colonie, les butineuses prospectent dans un rayon de plusieurs kilomètres autour de la ruche. Lors de ses déplacements, l´abeille peut être exposée à une intoxication. Celle-ci peut être directe, par contact avec le produit. Traiter en soirée ou très tôt le matin est préférable, car elles butinent préférentiellement lorsque la température dépasse 13°. La contamination peut également être liée à l´ingestion de nectar, pollen, eau. Une vigilance lors de la gestion des effluents phytosanitaires est donc conseillée. L´abeille explore toutes les ressources de son environnement. Elle privilégie les plantes mellifères ou attractives, mais pas seulement. Elle se délecte par exemple du miellat produit par les pucerons sur le blé.
Rappel des bonnes pratiques
Seuls les insecticides et acaricides portant une « mention abeilles »* sont autorisés en période où la culture est attractive pour les abeilles (floraison, miellat de pucerons), et en l´absence d´abeilles. C´est-Ã -dire qu´il est nécessaire de traiter aux heures les plus fraîches, et vérifier l´absence de pollinisateurs avant la pulvérisation.
Les mélanges de pyréthrinoïdes (insecticides) et de triazoles (fongicides) sont interdits pendant la période de floraison ou de production d´exsudats. Il faut respecter un délai minimum de 24 heures entre deux applications. Des effets de synergie peuvent rendre le mélange très dangereux pour les pollinisateurs.
Attention également à la persistance des produits, et donc au respect du délai préconisé entre l´application et le début de la floraison.
Un surdosage (par exemple au niveau de recouvrements de passages) peut également présenter un danger, y compris pour les produits autorisés pendant la floraison.
Les dérives de produit dans les parcelles, haies, arbres et arbustes potentiellement attractifs au voisinage de la parcelle traitée peuvent être sources d´intoxications. Rappelons qu´il est interdit de traiter lorsque la vitesse du vent dépasse 19 km/h.
Si des fleurs attractives (pissenlit, trèfle, etc.) se trouvent sous des arbres ou dans une zone agricole qui va être traitée par un insecticide ou un acaricide, leurs parties aériennes doivent être détruites avant le traitement.
Dans le cas de semences enrobées avec un insecticide, il est conseillé de remplir le semoir à plus de 10 m du bord du champ, de semer par vent faible, et d´enfouir les semences traitées dans le sol. Pour les semis de maïs protégés avec un insecticide, le semoir doit être équipé avec un déflecteur afin d´éviter une dissémination des poussières dans l´environnement.
*mention abeille : emploi autorisé durant la floraison et / ou au cours des périodes de production d´exsudat en dehors de la présence d´abeilles.
Pour accéder à
notre profil
Pour accéder à
notre profil